Peut-on vivre indéfiniment dans l'illusion démocratique ? Comment se fait-il que nous ne voyions que la démocratie, alors que dans notre immense majorité nous sommes incapables de dire seulement ce qu'elle est ? Quel est ce "pouvoir du peuple" où le peuple n'a aucun pouvoir ? Comment peut-on être régulièrement déçu par les promesses qu'elle ne tient pas et continuer de la considérer comme un horizon indépassable ? A une époque où l'on déclenche des guerres pour instaurer partout la démocratie, où elle est un critère d'exclusion du champ politique et même moral et d'explication du monde, il convenait de déchirer le voile qui masque et protège un concept aussi vide et aussi puissant. Nous l'avons fait à travers ses origines, ses avatars et ses faux-semblants dans l'histoire, et par une remise en cause philosophique de son principe, de sa légitimité et de ses fruits. C'est une tâche d'autant plus utile qu'il semble qu'à notre époque plus personne ne l'entreprenne. Tout en effet est devenu démocratique, absolument démocratique, forcément démocratique. Mais justement, au-delà du devoir de redressement des choses dicté par le sens de la vérité et le souci de nos peuples, ne faut-il pas considérer que nous nous à la fin d'un développement historique, à la veille d'une crise irréversible et qu'il faut, déjà, penser l'après-démocratie ?
Cahier n°12 - Nouvelle Série