Revue 37: La famille, un enjeu politique

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Civitas

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1) DOSSIER :
. Editorial – La Famille : un enjeu politique (Alain Escada)
. Esquisse d’une politique familiale (François Legrier)
. Le Maire et la Commune face à l’institution du mariage en 2010 (Miguel de Peyrecave)
. La réalité légale du mariage (Elisabeth du Sorbier)
. Citation de Pie XII
. La Famille vue de l’Europe (Olivier Destouches)
. Bibliographie
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. Libres réflexions (Jean-Yves Clouzet)
. La finance islamique, voie vers l’islamisation de l’Occident (Jean-Claude Philipot)
. Géopolitique : la Round Table et ses « enfants » (Pierre Hillard)
. Brèves d’actualité (Thomas Belleau)
. Entretien avec l’abbé Loïc Duverger
. Grandes figures de la Chrétienté : Jean Ousset (Pierre Martin)
. Lu et relu pour vous (Pierre Martin et Philippe Girard)
. Vie de l’Institut (Denis Dragon)
. Mot de l’Aumônier (Abbé Tranchet)
2) EDITORIAL: La Famille : un enjeu politique par Alain Escada

 Le dossier de cette revue est le fruit d’une heureuse collaboration entre l’Institut Civitas et le Mouvement Catholique des Familles (MCF) avec lequel nous partageons une unité de point de vue, comme c’est également le cas par ailleurs avec l’Association Catholiques des Infirmières et Médecins (Acim).

D’emblée, affirmons-le : le thème de la famille est un enjeu éminemment politique et concerne tous les catholiques.

Prenons le cas de l’avortement. Environ 200.000 avortements annuels en France. C’est un effroyable crime contre Dieu. C’est aussi la France qui se meurt. Elle n’est pas morte, mais elle se meurt. En 1700, avec ses 20 millions d’habitants, elle était le pays le plus peuplé de l’Europe. Dans le monde, seules la Chine et l’Inde étaient plus peuplées. Malthus s’étonnait que, dans les périodes les plus néfastes de l’histoire de France, la population ne cessât pas de s’accroître. Au début du XIXème siècle, les familles françaises avaient au moins quatre enfants en moyenne : c’est ce qui a permis à la France de se relever si vite des guerres napoléoniennes. Mais tout cela est bien loin. Et on est tenté de rappeler cette virulente apostrophe de Théodore Roosevelt : « Quand on peut parler dans une nation de la terreur de la maternité, cette nation est pourrie jusqu’au cœur du cœur. Quand les hommes craignent le travail, quand les femmes craignent d’être mères, ils tremblent sur le bord de la damnation, et il serait bon qu’ils disparussent de la surface de la terre, où ils sont de justes objets de mépris pour ceux qui sont forts et ont l’âme haute. »Or ce déclin démographique conjugué à la banalisation de l’avortement, c’est aux ennemis de l’Eglise qu’on le doit. D’une part, il y a les prescriptions de la morale chrétienne en ce qui concerne les devoirs des gens mariés, aux beaux exemples de fécondité que nous offrent généralement les familles restées profondément et sérieusement croyantes. D’autre part, il y a ce monde moderne qui assez largement a fait sienne la devise « Ni Dieu, ni maître » grâce aux efforts combinés de différentes forces occultes.

 

Et il en va de même de tout ce qu’englobe le thème de la famille. Les schémas sont connus.

Eclatement des familles (un mariage sur deux qui sombre en divorce, les unions « libres » et autres « pacs », les foyers monoparentaux,…). Perte de la notion d’autorité liée à une paternité « traditionnelle ». Adolescence désœuvrée. Augmentation de la délinquance juvénile.

Perte du sens de la famille. Perte de l’exercice naturel de la solidarité vis-à-vis de son prochain le plus proche. Développement de l’individualisme, de l’égoisme, du matérialisme.

Education à l’abandon. Culture générale en chute libre. Prétendues élites se mettant au diapason du nivellement par le bas.

Politiques mortifères (avortement, euthanasie, eugénisme). Les enfants coûteraient cher. Les « vieux » coûteraient cher. Les handicapés coûteraient cher. La société matérialiste et sans Dieu développe sa solution finale pour tous ceux qu’elle considère comme des « improductifs ».

Inversion des normes. Valorisation de l’homosexualité. Théorie du « gender ». Une conception de la famille et du mariage hier encore communément admise et aujourd’hui défigurée par une idéologie subversive.

En vérité, les ennemis de la Famille sont avant tout des ennemis de Dieu. Ils haïssent la Cité catholique.

Bien sûr, le législateur prétendra que tout cela se fait au nom du pluralisme, des libertés, du droit à l’amour, de la dignité, de la lutte contre les discriminations et autres fariboles plongeant notre société dans un relativisme sans précédent et un désordre organisé.

A nous de prendre la juste mesure de l’enjeu et de nous impliquer sans concession et avec générosité et vigueur.

La renaissance des nations européennes passe par le renforcement des familles selon un modèle confirmé tant par l’ordre naturel que par l’ordre chrétien.

En œuvrant pour une Cité catholique, Civitas mène un combat essentiel pour les familles. On l’oublie trop souvent.